mardi 26 avril 2016

Les fortifications de la ville de Gembloux



Les fortifications de la ville


La charte de 946, signée à Liège par le futur empereur Otton 1er, alors roi de Germains, octroyait à l’abbé de Gembloux la permission de fortifier l’abbaye. Depuis, le bourg s’était agrandi. 

En 1152, Fréderic Barberousse, empereur d’Allemagne, prend l’abbaye de Gembloux sous sa protection. Il confirme ses privilèges et lui accorde le droit de fortifier la ville, d’y établir des foires et d’y frapper monnaie.

La construction des murailles urbaines commence en 1153.
L’agglomération qui n’est encore qu’une localité ouverte va s’entourer de fortifications, remparts, tours, retranchements et fossés défensifs.

L’abbé Arnould s’y emploie activement. Il fait édifier des remparts dont l’importance se révèle encore aujourd’hui dans les tours d’angle du Nord et de l’Ouest et les bordent de fossés profonds, ce qui fait de Gembloux une place forte respectable.
Il avait, à cette fin, réquisitionné tous les habitants de la Terre de Gembloux qui, aux ordres du « villicus » (maïeur) durent amener les matériaux à pied d’œuvre avec leurs chariots.

Tracé et infrastructure

Commençant en haut de la place du Wez (place Saint-Jean), ces murailles traversaient ce qui deviendra la cour d’honneur de l’abbaye. Elles rejoignaient, dans la rue du Moulin, la tour d’angle du Nord (improprement appelée dès le moyen âge la tour des Sarrasins). Elles longeaient l’éperon rocheux dominant la vallée de l’Orneau pour obliquer à la place de l’Orneau  vers le milieux  de la rue Pierquin. En cours de route, elles bordaient les « grands fossés » très poissonneux. Elles remontaient alors la rue Gustave Docq, en s’incurvant à la tour du Sud, près du château du bailli. Une dernière courbe à proximité de la place Saint-Guibert les amenaient à leur point de départ.
Ces remparts, terminés en 1185, présentaient une longueur approximative d’1 km et englobaient une superficie d’environ 7 ha dont 3 étaient occupés par l’abbaye. Ils étaient percés de quatre grandes portes :
-          La porte Al Croix qui donnait accès vers Lonzée
-          La porte au Chien Noir qui menait vers la Vôte
-          La porte Au Trau (ou porte Saint-Nicolas) pour se rendre vers l’Entrée Jacques
-          La porte de Wérimoulin, la plus importante, pour gagner le moulin de Dessous-le-Mont.

Parmi les tours flanquant les remparts, citons encore la tour au Crahan (du côté du Chien Noir) et la tour du Guet, près de la porte Au Trau.


Rue del Croix (Grand-Rue), s’élevaient les remparts propres de l’abbaye. Vers leur milieu, touchant la halle, la tour Gravi (ou gravier) dominait la porte principale d’accès au monastère, appelée plus tard la Fausse Porte.
La ville n’eut qu’à se féliciter de ces immenses travaux. Plus d’une fois elle ne dut son salut qu’à ces solides fortifications.

Sources : Gembloux, la ville et l'abbaye ( Joseph Toussaint - 1976)
                La ville et le comté de Gembloux ( Léon Namèche - 1964)








Plan de la ville à la fin du 17ème siècle







Tour du Nord

 Vestige des fortifications - rue du Moulin





Tour du Guet (2)

 Vestige des fortifications - Rue Docq



Vestige des remparts imbriqués dans le bâti actuel.
Photo prise en juin 2004 au coin de la place Saint-Guibert et le haut de la Grand-Rue

Place Saint-Jean.
Vestige des remparts 1153)

vendredi 15 avril 2016

Histoire de la Manufacture (MBG).

Les origines de la MBG
Vers 1875, un coutelier namurois, Louis-Joseph Mathieu, avait établi à Paris un atelier de fabrication d’instruments de chirurgie qui prit rapidement de l’extension. Vers 1878, il revint à Namur pour engager un ouvrier expérimenté. N’en trouvant pas, il vint à Gembloux et engagea  Dieudonné Simal, né à Gembloux  le 27 avril 1852 et  qui travaillait dans la coutellerie paternelle.
A Paris, en 1879, Dieudonné Simal se perfectionna rapidement et fonda lui-même une maison de vente d’instruments de chirurgie au début de la rue Monge, à proximité de la Faculté de Médecine, avec un atelier tout proche. Une nombreuse clientèle de chirurgiens et de médecins fait appel à lui pour l’aiguisage de bistouris, la réparation et ensuite la fabrication d’instruments chirurgicaux.
Vers 1885, il engagea son beau-frère, Guibert Legros, et le frère de celui-ci, Auguste Legros, à venir travailler avec lui.
Guibert Legros revint bientôt à Gembloux et installa son atelier rue Chapelle Dieu, dans le jardin de sa maison. C’est là qu’il faut situer le berceau de la fabrication des instruments chirurgicaux à Gembloux.
Auguste Legros, resté à Paris, installa un magasin avec atelier en sous-sol au boulevard Saint-Michel, associé avec ses deux neveux, Alphonse et Charles Legros. Au terme de leur apprentissage à Paris, ces deux derniers revinrent à Gembloux pour fonder avec leur père, et leur frère Joseph, un atelier de fabrication, d’abord rue Chapelle Dieu et puis rue Albert.
C’est en 1905 que commença rue Albert la fabrication de mobilier de chirurgie. La famille Legros était à l’époque à l’origine de deux ateliers de fabrication d’instruments de chirurgie et de matériel à Gembloux, et de deux sociétés de vente et d’ateliers à Paris.
Création et développement de la MBG
Le 13 août 1923 eut lieu la fusion de ces quatre entités et la création de la s.a. Manufacture belge d’Instruments de Chirurgie et de Mobilier chirurgical de Gembloux (MBG) qui acquit d’emblée une renommée internationale. Le développement de cette usine grâce à ses succès commerciaux, se traduisit par une modernisation des ateliers de production  et de contrôle. Des locaux spacieux, bien agencés et bien éclairés furent mis à la disposition du personnel.
En 1927 on ouvrit à la MBG un département coutellerie dans le but de développer la production mécanique.
En 1928, l’entreprise  occupait 300 personnes. Une croissance trop rapide et la crise économique de 1929 nécessitèrent une nouvelle réorganisation.
Le 10 mai 1935, un incendie détruisit les magasins et une partie des ateliers. La remise en état était à peine terminée que le 12 mai 1940 les bombardements de Gembloux détruisirent les bureaux et magasins.
A la libération, l’activité reprit normalement  et les installations retrouvèrent progressivement leur état antérieur. L’année du 25e anniversaire (1948), le chiffre d’affaire était de 50 millions de Bef
Au moment le plus faste, au début  des années 80, 400 personnes étaient occupées.
La société comptait  trois filiales en France et faisait distribuer ses produits dans le monde entier. Vers 1985, elle exportait 72% de sa production « chirurgie », 53% de sa production « mobilier » et 45% de ses produits « stérilisation ». Toutes ces productions  étaient  vendues sous la marque déposée « D. Simal ». La MBG gérait également le négoce de matériel médical importé comme les éléments nécessaires à la réalisation de prothèses, de greffes, etc.
En 1987, environ 200 personnes étaient encore occupées à Gembloux.

Le déclin et la reconversion du site.
Des problèmes de gestion et  de concurrence étrangère sonnèrent bientôt le glas de la MBG qui ferma ses portes en 1993. On peut dire qu’elle fut victime de la mondialisation  qui lui avait tant apporté. Après la fermeture, les autres sites furent rachetés par des groupes américains qui, une fois le savoir faire belge en poche, s’en sont retournés outre-atlantique, ne laissant derrière eux que vestiges industriels.
C’est en 1993 que fut crée la société «  Simal s.a. » qui continua la production d’instruments chirurgicaux mais fut complètement détruite par un incendie en 2001. Olivier Rouvez, ancien responsable de Simal s.a. créa en 2002 sa propre entreprise sous le nom de « SIBEL » ( Surgical Instruments Belgium s.a.).
La fabrication d’instruments chirurgicaux se perpétue donc dans le zoning de Gembloux. SIBEL est devenu un leader mondial de la fabrication d’instruments en titane utilisés pour les opérations sous scanner.
Les bâtiments industriels de la rue Albert furent démolis en juillet 2008 pour faire place à un nouveau complexe immobilier réalisé sur 1,3 ha par la société  « La Grande Prairie », filiale du groupe Vastapane. Il s’agit d’un ensemble mixte de logements, bureaux, commerces de proximité, avec  place publique et parkings souterrains.
Sources :
Ce texte est très largement inspiré de celui publié sur le site  http://www.mot.be/w/1/index.php/WebLogoWho/00000074?language=En
J’observe que celui-ci  mentionne sobrement la référence « Nederlandt ». Il  ne peut s’agir que de Pierre Nederlandt, administrateur du CRAHG, qui a publié  en 2007 un remarquable ouvrage de 134 pages, intitulé « La coutellerie à Gembloux » (Ed. les  Presses agronomiques de Gembloux). http://www.pressesagro.be/catalogue/reference/73.html
  • V.A. du 28 juin 2008 (s) Bruno Malter
  • Le Soir du 19/06/1988 (s) P.H.
Dieudonné Simal
 Photographie aimablement fournie par Jean-Marc GILLES
  • Sortie des ouvriers de l'usine gembloutoise ca 1910  (coll. privée Françoise Grossiord).

  • Publicité destinée aux médecins en 1923.   (coll. privée Françoise Grossiord).
Catalogue de la MBG en 1942.  (coll. privée Dries  de Potter).

  • Visite de S.M. la reine Fabiola à la MBG le 4 mars 1980. Accueil par MM. Pierre Nieuwenhuys, président du C.A. et Madgy, directeur général. L'entreprise qui s'étendait alors sur 18.000 m2 occupait 302 travailleurs et produisait une vingtaine d'articles différents. Son chiffre d'affaire en 1979 atteignait 380 millions Bef. (photo Ph. Berger).

  • Stérilisateur d'instruments de chirurgie. Ce four en cuivre, chauffé par un tube de gaz, date d'avant 1900, lorsque l'asepsie s'impose dans les salles d'opération.  (coll. privée Dries de Potter).